Art, (dé) plaisir et train fantôme
Vous avez dû remarquer, dans les textes de ce blog je parle beaucoup d'oeuvres d'art qui me touchent, qui résonnent, qui me parlent. Pour moi une oeuvre doit véhiculer une émotion, doit la susciter.
Jusque là ça va.
J'ai un peu plus de mal avec celles qui suscitent des réflexions, qui amènent à nous interroger.
Couverture de CD. Get Well Soon
J'ai encore plus de mal avec la définition de Duchamp pour qui il suffit qu'un artiste ait décrété que quelque soit de l'art, qui l'ait signée pour que cela en devienne.
Mais j'y travaille.
Reprenons au début si vous le voulez bien. Une œuvre d'art doit selon moi véhiculer une émotion. Mais tout ce qui véhicule une émotion est-il œuvre d'art ? Sûrement pas : Sophisme. Souvenez-vous de votre premier voyage en train fantôme (le premier car l'émotion du train fantôme est inversement proportionnel au nombre de km parcourus). L'émotion de vous sentir ou de sentir votre passager se blottir de peur... Pourtant il n'y a pas d'œuvre d'art.
On recule, là, non ? Reprenons.
Une œuvre d'art (évitons de nous lancer dans la définition de ce qu'est une œuvre d'art pour l'instant, voulez-vous ?) qui véhicule une émotion, qui me parle suscite en moi du plaisir. Si l'œuvre d'art est réalisée avec une belle technique, un beau coup de crayon, ce plaisir est amplifié.
Là ça devient un peu plus clair.
Ces émotions peuvent être de toutes sortes. Positives, négatives.
Franta. Titre ?
Y a t-il des limites à apporter dans ces émotions? Je me souviens de l'incompréhension mélée d'inquiétude de ma mère s'essayant à mes BD d'adolescent américaines du genre Batman dans l'asile de fous d'Arkham, ou une autre avec des orchidées, sortes de délires psychiatriques noirs torturés à la fois dans le graphisme et dans le scénario... Pour elle, une BD devait apporter du plaisir, positif. Point final. Pas pour moi. J'en voulais plus.
Et là arrivent Catherine et Roxanne. Genre innocentes.
Elles me glissent au détour de la conversation d'aller voir Gottfried Helnwein. Je file sur internet : Technique graphique impeccable (maîtrise de la couleur, du dessin, mélange de techniques hyper réalistes et de mouvement adaptés au sujet, composition, supports variés : acrylique, dessin, photo) déluge d'émotions et si on en avait pas eu assez, ses œuvres imprimées en format géant ( jusqu'à environ 30 mètres de haut ! ) en rajoutent ce qui faut.
Donc plaisir ?
Non
Les allusions permanents d'inceste, de mutilation, de cadavres en pagaille qui participent à ce déluge d'émotions, qui le créent sont tout simplement trop pour moi. Aujourd'hui ? Oui, aujourd'hui. A une autre époque cela ne m'aurait peut-être pas autant gêné.
C'est pourtant complètement différent des provocations habituelles semi porno, images de guerre et autres soit disant performances artistiques.
Je suis convaincu que c'est de l'art. Il me touche tout simplement de trop.
Merci les filles. Je pense m'avoir grâce à vous découvert des limites que je ne soupçonnais pas.
Donc pour une fois pas de liens vers son site, pas de photos. Libre à vous d'aller voir. Juste des photos d'artistes que j'ai bien aimés.